Interview / Gabin NOUMA, entrepreneur dans le BTP, les prestations informatiques et dans le secteur agricole : « Je reste convaincu que nous pouvons produire de la richesse localement malgré toutes ces dérives observées autour de nous »

Directeur général de la Société de services et de prestations informatiques (2spi) entre 2011 et 2017, puis co-fondeur et associé gérant de Cerises group, une entreprise qui s’illustre principalement dans le BTP, Gabin Nouma est depuis peu écrivain. Sa première oeuvre, “Kamada, l’aventure avortée”, est un roman qui traite de plusieurs thématiques liées à divers situations et/où états d’esprit connu(e)s principalement sous nos cieux. Dans cette interview, il revient sur les principaux enseignements de cette œuvre et profite de l’ occasion pour nous faire part de sa vision en ce qui concerne ‘’l’Afrique de demain’’.

D’où vous est venu le goût de l’écriture et dans quel domaine de la littérature vous illustrez vous de manière globale ?

Le goût de l’écriture m’est venu de mon père qui était, à l’époque, un enseignant. Il faut aussi dire que, depuis notre plus bas âge, nous étions vraiment impressionnés par sa bibliothèque qui était très fournie. Lorsque nous étions petits, c’était donc un véritable plaisir pour mon père de nous faire découvrir toutes les histoires tirées des œuvres de sa bibliothèque… En ce qui concerne le domaine de la littérature dans lequel je m’illustre, je n’en ai pas précisément. Je m’inspire juste des faits de société, de l’actualité…Etant très observateur, je collecte les histoires vécues, parfois celles dont j’ai déjà entendues parler également.

Qu’est ce qui vous a amené à écrire cette œuvre ?

En apparence, mon parcours ne présageait pas cette virée relative à mon goût prononcé pour l’écriture mais lorsque nous avons beaucoup voyagé, lorsque nous avons pu avoir l’occasion de nous enquérir de certains drames vécus par nos braves jeunes qui n’éprouvent, souvent, aucune crainte à s’aventurer sur la mer méditerranée, je me suis dit qu’il fallait faire quelque chose. Hormis ce point, lorsque j’étais en occident, j’ai vu des personnes généralement très bien loties au pays quitter leur poste, pour y venir effectuer des tâches bien souvent moins valorisantes, que celles effectuées lorsqu’elles étaient encore là-bas. J’ai aussi vu des familles (parents et enfants) se déchirer pour raison d’aventure. ..De manière ramassée, je peux vous affirmer que ce sont toutes ces situations qui m’ont vraiment motivé à réaliser cette œuvre. Lorsque vous la lirez, vous verrez, au travers de mes écrits, la quête de la dignité du peuple africain. En ce qui me concerne, mon slogan est : l’Afrique toujours debout ! Je vous assure que vous pourrez, de manière explicite, le constater car ce slogan se dégage clairement dans le roman.

Pourquoi avoir intitulé votre œuvre : “Kamada” ?

A mon sens, il y a un grand désespoir observé auprès de nos jeunes et valeureuses personnes. Ce désespoir étouffe ainsi leur productivité. Certains se disent, je ne suis pas traité convenablement ici, là-bas je serai mieux apprécié, etc. Par ailleurs, il y a, malheureusement, l’environnement politique qui entre également en ligne de compte dans cette histoire. A mon humble niveau, eu égard au retard enregistré par nos pays en voie de développement, je reste coûte que coûte persuadé qu’il faut mettre des dispositifs en place en vue de valoriser davantage les compétences locales. Aussi, en occident, les africains souffrent de cette discrimination due à leurs origines. En entreprise, cette souffrance se ressent à tous les niveaux. Au niveau du profil de carrière par exemple, à cause de la couleur de la peau ou de ton nom à consonance africaine, tu peux être véritablement retardé dans l’évolution relative à ton parcours professionnel… Pour en revenir à ‘’Kamada’’, cette œuvre a ainsi été intitulée dans le but de susciter une certaine forme de curiosité chez le lecteur. L’idée étant de lui donner envie de découvrir ce qui se cache derrière ce titre qui, pour ma part, n’a pas de sens précis. « Kamada, l’aventure avortée » est juste une collecte de faits vécus par chacun de nous. Pour être plus précis, ce livre est un roman qui parle d’aventure, d’exode… En quête permanente de mieux être et de conditions idylliques, l’être humain est souvent poussé à quitter son environnement, son travail, son conjoint, son établissement scolaire, universitaire, sa communauté religieuse pour de nouvelles expériences et/ou aventures. Parfois exaltantes, souvent dramatiques, ces nombreuses situations ont suscité, en moi, une profonde réflexion. Cette profonde réflexion a donné naissance à ce récit vécu par le personnage principal du nom de Kamada. « Kamada, l’aventure avortée » présente ainsi des personnages, des faits observés et/ou vécus par la plupart d’entre nous, même par celles qui n’ont jamais quitté leur pays. Les thèmes abordés dans ce roman sont : Le goût de l’aventure, la désillusion, la trahison, l’amitié, l’amour, la haine, l’entraide, les écueils de l’émigration, la nostalgie, etc.

Que devons nous retenir finalement de votre œuvre ?

Palpitante, « Kamada, l’aventure avortée » est une œuvre littéraire qui a pour principal objectif d’enrichir intellectuellement le lecteur. Ce livre présente des réalités de l’immigration vécues par nos amis de la diaspora. Cette œuvre veut surtout aider ceux qui veulent s’y engager, à ne pas tomber dans ces pièges dont certains hélas ont, jusqu’à présent, du mal à s’en sortir. Pour finir, nous pouvons aussi dire que cette œuvre interpelle sur nos valeurs qui, malheureusement, sont en voie de disparition. En ce qui me concerne, je reste convaincu que nous pouvons produire de la richesse localement malgré toutes ces dérives observées autour de nous. D’emblée, il faut croire en son potentiel pour mieux l’exploiter et le valoriser peu importe l’endroit où l’on se trouve.

Interview réalisée par Olivia Decamille avec Jean-Paul Demouss