Voir, se voir et se faire voir. Tel est le slogan d’un magazine populaire en Côte d’Ivoire. Un slogan qui, à lui seul, résume l’état d’esprit de bon nombre d’ivoiriens qui accordent une importance particulière à leur apparence extérieure. Pour entretenir une telle apparence extérieure, beaucoup d’accessoires sont à prendre en compte. Beaux vêtements, belles chaussures, toute la panoplie des objets bling bling mais également une peau, des cheveux et des ongles bien nettoyés et propres grâce aux produits cosmétiques. Pour ceux qui ont le flair entrepreneurial, cette disposition naturelle des ivoiriens à vouloir soigner leur apparence extérieure est une niche à exploiter. Cela est particulièrement vrai pour les produits d’entretiens corporels. Se faire beau ou belle, sentir bien, et être apprécié par les autres, en somme la coquetterie, est une quête permanente des Hommes, et plus particulièrement de la gente féminine. Cependant, tout le monde n’a pas les moyens de faire un tour chez Moreno’s ou dans ces nombreux magasins de luxe qu’on trouve à Abidjan. C’est en cela que les petites enseignes de quartiers se rendent utiles tout en se faisant des marges bénéficiaires intéressantes auprès des passionnés de la beauté. Pour toutes ces raisons, nous allons, dans le cadre de notre rubrique « idée de business » nous intéresser à l’activité de vente de produits d’entretiens corporelles à petites échelles dans les boutiques de quartiers à travers un projet fouillé et complet que nous aidera à rédiger l’un de nos lecteurs assidus.

Résumé succinct du projet
Le projet de cette semaine s’intéresse à la commercialisation de produits cosmétiques et autres articles assimilés. Il s’agit d’ouvrir un magasin de proximité dans un quartier populaire d’Abidjan, en particulier la commune de Yopougon. Il proposera divers produits devant servir à satisfaire la clientèle désirant avoir une belle apparence extérieure. Le promoteur du magasin proposera des articles tels que les laits corporels, les crèmes, les huiles, les savons, les eaux de Cologne, les parfums, les mèches, les tissages, etc. Le montage du projet et son démarrage coûteront autour de 1 375 000 FCFA. Au bout d’une année, l’activité dégagera une marge bénéficiaire de 1 820 000 FCFA. Pour sa mise en œuvre nous bénéficierons de l’expertise de Bainguié Jean-françois, propriétaire du magasin Moayé Cosmétiques, au quartier Toits-rouge dans la commune de Yopougon.
Identification et estimation des besoins
Nous aurons trois grandes poches dépenses que sont les frais d’installation et d’aménagement du local, l’équipement du magasin et la constitution du premier stock de marchandises. A cela, on pourra ajouter certaines dépenses immédiates telles que les abonnements CIE et télécommunication.
Installation et aménagement d’un local
Désignation | Prix unitaire (FC A) | Quantité | Coût total (FCFA) |
Confection d’une caisse métallique | 240 000 | 1 | 240 000 |
Occupation du domaine publique (ODP) pour la première année | 35 000 | 1 | 35 000 |
Aménagement du local (création d’un plafond, d’une petite terrasse carrelée et main d’œuvre) | 55 000 | 1 | 55 000 |
Confection d’une étagère | 10 000 | 1 | 10 000 |
Total : | 340 000 |
NB : Le devis indiqué ici correspond aux dépenses effectuées pour un local constitué d’une caisse métallique commandée chez le ferronnier. L’avantage ici, c’est que les frais sont moindres et peuvent convenir aux micro-entrepreneurs. En plus, l’acquisition du local est définitive. Mais il y a deux autres possibilités. La première est l’achat et l’aménagement d’un container de type portuaire. Cela reviendrait à investir un montant compris en 500 et 800 000 FCFA. L’autre possibilité est la location puis l’aménagement d’un local. Pour cette dernière possibilité, il faudra débourser régulièrement des frais locatives pouvant atteindre 50 000 FCFA par mois, voire plus. Avec cette somme, en moins d’une année on aura déboursé 600 000 FCFA, en plus de la caution à payer et divers frais liés à des travaux d’aménagement (modification légère ou profonde, décoration, peinture, etc.) qui peuvent atteindre le million de FCFA.
Équipement du magasin, matériel de travail et abonnements immédiats
Désignation | Prix unitaire (FCFA) | Quantité | Coût total (FCFA) |
Ventilateur | 13 000 | 1 | 13 000 |
Caisses vitrées de 2 m sur 70 cm et hauteur 1,2 m | 80 000 | 2 | 160 000 |
Chaises | 15 000 | 1 | 15 000 |
Pouffes pour les clients | 4 000 | 3 | 12 000 |
Petit matériel de travail (registre, carnet de note, calculettes, stylo, etc.) | 30 000 | 1 | 30 000 |
Abonnement CIE | 35 000 | 1 | 35 000 |
Frais de communication | 10 000 | 1 | 10 000 |
Total | 275 000 |
NB : Ici encore, l’ampleur des investissements sera fonction des ambitions du promoteur, de ses moyens et de la taille du magasin. Ici les articles désignés correspondent à ceux d’un petit magasin. Si le promoteur dispose de plus de moyens, il peut opter pour un système de climatisation en lieu et place de ventilateur, il peut utiliser des outils modernes de travail tels que l’outil informatique, il peut employer plus de personnes, donc utiliser plus de chaises, etc.
Proposition d’un stock de départ
Désignation | Coût d’achat (FCFA) | Coûts d’achats unitaires minimum et maximum (FCFA) | Prix de vente aux clients (FCFA) |
Laits corporels | 20 000 | 350 – 2000 | 500 – 2 500 |
Crèmes de beauté | 20 000 | 350 – 1 300 | 500 – 1 500 |
Huiles | 30 000 | 350 – 1 700 | 500 – 2 500 |
Savons | 20 000 | 250 – 850 | 400 – 1000 |
Eau de Cologne | 15 000 | 300 – 1100 | 500 – 1 500 |
Parfums | 80 000 | 350 – 4 900 | 500 – 6000 |
Déodorants | 50 000 | 800 – 1 800 | 1 000 – 2 500 |
Mèches | 100 000 | 500 – 800 | 600 – 1 000 |
Tissages locaux | 200 000 | 1 500 – 7 000 | 2 000 – 8 500 |
Tissage importés | 150 000 | 1 500 – 7 000 | 2 000 – 8 500 |
serviettes hygiéniques | 30 000 | 400 – 550 | 500 – 800 |
Tubes | 10 000 | 350 – 750 | 500 – 1000 |
Faux-cils | 10 000 | 750 | 1000 |
Faux-ongles | 10 000 | 1000 les 15 | 1 à 150 |
Lotions | 15 000 | 250 – 1 300 | 400 – 1 500 |
Total | 760 000 |
NB : Dans ce tableau sont indiqués les coûts des produits de gamme moyenne accessibles à une clientèle à revenus modestes et non des produits de luxe. Par ailleurs, il faut noter que selon la zone géographique, les prix varient. Ainsi les mêmes produits qui sont vendus à petit prix à Yopougon, sont plus chers, voire excessivement chers à Cocody ou à Marcory. Par exemple, certains tissages qui peuvent coûter 7 000 f à Yopougon, peuvent être vendus au prix de 15 000 fcfa à Cocody ou Marcory. Dans une même commune, les prix peuvent également varier selon le standing du quartier.
Récapitulatif des dépenses :
Pour monter son magasin de produits cosmétiques de gamme moyenne, le promoteur devra en définitive prévoir la somme de :
340 000 + 275 000 + 760 000 = 1 375 000 FCFA
Il faudra certainement prévoir un fonds de roulement pour faire face aux premières charges de l’entreprise (renouvellement de stocks, salaires, etc.). En effet, on ne va pas attendre d’avoir vendu tous les articles avant de commencer à acheter de nouveaux produits. Le renouvellement doit se faire au fur et à mesure. De même, il faudra dégager un fonds pour faire une campagne de communication et de promotion à travers prospectus, affichette, sono pour animation, etc.
Ressources humaines
On n’aura pas besoin de grand monde pour gérer le magasin. Etant donné qu’il s’agit d’un petit commerce, le promoteur peut se contenter de recruter une personne, de préférence de sexe féminin pour être à la fois la gérante, la commerciale et la caissière de la micro-entreprise. Il faut une personne désireuse de travailler (pas paresseuse), dotée de bonnes qualités relationnelles et maitrisant le milieu de la beauté, en particulier les produits cosmétiques. En réalité, elle doit pouvoir jouer également le rôle de conseiller clientèle. Ainsi, elle doit amener, par exemple, les clients hésitants à faire leur choix dans la gamme de produits disponibles dans le magasin. Elle doit être rigoureuse, sérieuse, ouverte d’esprit, courtoise et surtout avoir le sens du marketing. Sa rémunération dépendra des performances de l’entreprise. Elle doit au minimum se situer à 60 000 FCFA pour respecter le smig ivoirien. S’il veut réduire ses dépenses, l’entrepreneur peut lui-même s’occuper du magasin dans les débuts.
Background et ressources utiles
Il n’y a pas de profil particulier à avoir ou de formation à suivre pour se lancer dans ce type de commerce. Toute personne ayant le flair du business peut s’y mettre sans expérience préalable. Il lui suffira de s’intéresser aux réalités du milieu et de prendre attache avec les fabricants de produits cosmétiques, c’est-à-dire les usiniers tels que Gandhour, Sivop, Dream, Copaci et autres. Pour effectuer directement des achats avec ceux-ci, il faudra un minimum de commande de 2 500 000 FCFA. En tant que propriétaire d’un modeste magasin de quartier, les agents de ces entreprises l’orienteront vers les gérants de dépôts de gros existants dans les différentes communes. Là-bas, avec un minimum de 30 à 50 000 F, il peut commencer à s’approvisionner.
Observations et conseils pratiques
Pour réussir dans le métier, certains conseils pratiques sont à prendre en compte. Jean-François Bainguié nous en donne quelques uns.
Faire une bonne étude du marché avant de commencer
Il faut bien étudier le terrain avant de commencer. On peut le faire à deux niveaux. D’abord dans le quartier où l’on désire s’installer, il faut s’intéresser aux jeunes filles et aux femmes (la clientèle étant à 90% féminine) afin de connaitre leurs désirs en matière de produits cosmétiques, surtout ceux qui demeurent non satisfaits. Ensuite, on peut s’adresser aux responsables marketing des entreprises fabriquant les produits. Ils sont à même de donner des informations sur les produits qui se comportent bien ou pas du tout bien sur le marché. Au fil du temps, on finira par maitriser les tendances du marché.
Diversifier les produits et suivre la tendance
La diversité compte en matière de cosmétiques. Il faut donc avoir divers gammes d’articles à proposer aux clients. En réalité les produits de beauté sont innombrables et les sociétés rivalisent d’idées au point où le marché est inondé. Autant les produits sont diversifiés, autant les goûts de la clientèle sont diversifiés. Il appartient donc au promoteur de s’approvisionner autant que possible afin de satisfaire tous les goûts. Une cliente qui se présente dans un magasin à deux ou trois reprises et qui ne trouve pas le produit qu’elle affectionne finira par se lasser. De même, les sociétés mettent sur le marché régulièrement de nouveaux produits. Il faut donc être alerte et suivre la tendance pour être à jour des nouveautés.
Sélectionner les bons fournisseurs
Au début de l’activité, on peut multiplier les fournisseurs. Mais au fur et à mesure, le promoteur doit être à mesure de sélectionner les meilleurs c’est-à-dire ceux qui fournissent des produits de qualité à des prix abordables. Il doit se fidéliser à ceux-ci et nouer des liens solides. On pourra ainsi, facilement retracer les produits qu’on achète et lorsqu’un problème se pose sur un produit donné, il est aisé de le résoudre. En outre, il est possible de bénéficier de réduction sur les coûts des produits à cause de sa fidélité.

Modèle commercial et rentabilité
Comme tout commerce, le modèle commercial, qui est en réalité la manière dont on fait rentrer l’argent dans une entreprise, est simple. Il s’agit de proposer des produits aux clients et des les amener à les acheter. Il s’agit d’une vente directe à la clientèle de détail. Cependant, dans un premier temps, il faudra commencer par attirer cette clientèle vers soi. Cela se fera par une campagne promotionnelle et/ou de communication. Il faut donc réaliser des prospectus et des affichettes puis louer de la sono pour faire une petite animation sur 3 ou 5 jours. Sur le plan commercial, on proposera divers produits de beauté à des prix divers (voir dernier tableau à la page 6). Selon l’avis de notre guide de la semaine, à savoir Bainguié Jean-François, les produits vont se comporter plus ou moins bien selon les périodes de l’année. En période ordinaire, les ventes sont moyennes. Elles doublent en période de fête, c’est-à-dire aux mois de Novembre et de Décembre. Pour calculer la rentabilité de la micro-entreprise, nous prendrons en compte une marge de 5 000 FCFA par jour pour les périodes ordinaires et une marge de 10 000 FCFA pour les périodes de fêtes.
Calcule des marges pour les mois ordinaires :
5 000 × 26 (jours de travails dans le mois) = 130 000 FCFA
130 000 × 10 (mois ordinaires) = 1 300 000 FCFA
Calcul des marges pour les jours de fêtes :
10 000 × 26 = 260 000 FCFA
260 000 × 2 = 520 000 FCFA
Au cours de la première année, le magasin réalisera une marge de :
1 300 000 + 520 000 = 1 820 000 FCFA
Sur cette somme, il faudra déduire les charges à savoir le salaire annuel de l’employé, l’électricité, les frais de communication, etc ainsi qu’une partie de l’amortissement de l’investissement. On pourra se retrouver au final avec au moins un million de FCFA de bénéfice. La deuxième année, on pourra se donner de nouveaux objectifs, soit doubler ou tripler les performances.
Très enrichissant votre fiche sur le projet cosmétique.
Merci infiniment M. Cissé!
J’ai lu avec beaucoup d’intérêt votre fiche sur le cosmétique, enrichissante
Merci pour votre commentaire cher ami!