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Développement durable: De l’air transformé en eau potable au Kenya

« Si vous avez de l’air, vous avez de l’eau », tel est le crédo de l’entreprise Majik water. Fondée par Beth Koigi, une jeune entrepreneure Kenyane, cette entreprise développe des générateurs alimentés par des panneaux solaires pour transformer l’humidité de l’air en eau potable.

Avec ‘’Magik water’’, Beth Koigi (au centre) a remporté plusieurs prix dans le domaine de l’entrepreneuriat et de l’innovation (Photo : DR)

L’invention qui s’appuie sur une technologie déjà existante, permet de générer 10 litres d’eau par jour à partir de l’air ambiant avec un taux d’humidité de 55 %. Le processus de recueil d’eau est plus ou moins simple. Après avoir mis en place un système de matériaux hydrophiles ressemblant à des éponges, l’entrepreneure récupère grâce à ces éponges, les molécules d’eau. Une fois chauffées, les éponges contenant les molécules d’eau, libèrent de la vapeur qui sera en fin de compte condensée afin d’obtenir de l’eau potable. Pour Beth Koigi, il s’agit surtout d’une innovation sociale en ce sens que cette invention est principalement destinée aux populations vivant dans des zones reculées et qui n’ont pas accès à une eau propre et salubre. En effet, sur les 700 millions de personnes concernées par ce problème dans le monde entier, 12 millions se trouvent au Kenya. Dans les années à venir, le manque d’eau pourrait même prendre de l’ampleur non seulement dans le pays mais aussi au-delà. « Les pénuries d’eau devraient s’aggraver au cours de la prochaine décennie », indique t-elle. Selon les Nations unies, 1,8 milliard de personnes seront confrontées à ces graves pénuries d’eau dans le monde d’ici 2025.  Avec cette problématique en tête dès ses études, l’entrepreneure a décidé d’y apporter des solutions à la fois efficaces et durables.

Des solutions à l’insalubrité de l’eau

Elévée à Kimende, ville située à 240 km de Nairobi, Beth Koigi y poursuit également ses études. En 2012, inscrite en première année de gestion de projet à l’Université de Chuka,  elle se rend compte très tôt que le campus souffre d’un problème de salubrité pour ce qui concerne la fourniture d’eau.   « Ce qui sortait des robinets était marron, on ne pouvait même pas laver son linge avec, (…) Directement pompée de la rivière, l’eau n’était pas filtrée et causait de multiples infections ». Agée de 21 ans, elle décide alors de prendre les choses en main en se lançant dans la création de son propre filtre à eau.  En quête d’inspiration pour sa toute première invention, elle se fie à son père et à ses frères. En effet, à cette période, son père disposait d’une technologie d’approvisionnement en eau pour irriguer sa ferme. Parmi ses frères se trouve des personnes qui s’y connaissent dans le domaine de l’eau. l’un d’eux dirige une entreprise de fabrication de gouttières tandis qu’un autre construit des barrages. Grâce à leur appui, son système fonctionne. En cinq ans, la jeune entrepreneure a ainsi séduit le campus en y distribuant plus de 5 000 filtres à eau. Malgré cette première initiative satisfaisante, elle décidé d’aller encore plus loin en apportant de nouvelles solutions aux problèmes liés à l’assainissement de l’eau dans son pays. « Je me suis ensuite demandé pourquoi les gens passent tant de temps à aller chercher de l’eau et à la transporter, alors qu’il existe une technologie de production d’eau atmosphérique qui peut être utilisée là où nous sommes », s’interroge-t-elle à l’époque. Le déclic s’est tout de suite opéré  car la solution était de développer des générateurs d’eau atmosphériques. En 2016, elle se rend aux Etats-Unis pour prendre part au programme Global Solutions de l’université Singularity de la Silicon Valley. Elle y rencontre Clare Sewell, consultante en stratégie financière, et Anastasia Kaschenko. Ces deux femmes croient immédiatement au concept. Elles décident ainsi de créer la société Majik Water. En Swahili, ‘’Maji’’ signifie ‘’eau’’ et le ‘’k ‘’correspondant à ‘’kivuana’’, veut dire ‘’récolte’’. Fonctionnant à l’énergie solaire, l’appareil est ainsi adapté aux populations vivant dans des zones en stress hydriques souvent reculées. Prenant en compte cet aspect, le principal défi pour l’entrepreneure était d’augmenter considérablement la quantité d’eau récoltée quotidiennement au niveau de ces zones. Au niveau de son entreprise, il fallait également étudier les moyens de rendre plus facile l’utilisation de ce système tout en restant accessible à toutes les bourses. Ce qui de ce fait ne s’est pas toujours révélé facile pour la jeune entrepreneure.

Des récompenses pour soutenir davantage le projet

En l’absence de financement majeur, Majik water s’appuie seulement  sur les différentes récompenses récoltées avec les prix déjà remportés. Beth Koigi a reçu le prix du Tech Entrepreneur du Forum annuel des femmes africaines sur l’innovation et l’entrepreneuriat (Awief). Elle a également reçu l’EDF Pulse, Oxford Innovation Fair et MIT Water Innovation.  A la question de savoir si elle espère un éventuel investissement, elle y répond de manière très optimiste. « C’est une innovation matérielle, ce qui signifie que le cycle de développement du produit prendra du temps », affirme-t-elle. Dans les années à venir, l’entrepreneure souhaite voir son produit davantage commercialisé. Dans les zones rurales, périurbaines, arides et semi-arides, elle se propose de mettre à disposition des populations y vivant, des stations d’embouteillage d’eau. Pour en revenir au produit, le premier prototype a par ailleurs été expérimenté à la NASA Ames, à Mountain View, en Californie.

Jean-Paul DEMOUSS

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