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Un projet, un business rentable: Bigsun, le piment qui vous rapporte gros

Omniprésente dans la gastronomie ivoirienne, le piment est consommé frais ou sec pour son goût piquant derrière lequel se trouvent des antioxydants utiles contre les radicaux libres à l’origine de maladies cardiovasculaires, de certains cancers et d’autres maladies liées au vieillissement. Par ailleurs, le piment est riche en nutriments dont la vitamine C, le fer, le manganèse, le cuivre, la vitamine B6 et la vitamine K. Au vue de tout ce qui précède, le piment est une belle opportunité d’affaires pour tout entrepreneur agricole. Une réalité renforcée par la levée de bouclier récente contre la flambée des prix de certains produits vivriers comme le piment à cause de pénuries sur le marché.

Ph:dr

Mettre en place une ferme maraichère de bigsun

Le projet que nous vous présentons dans cet article porte sur la mise en place d’une ferme maraichère de piment bigsun d’une superficie d’1 ha dans la périphérie d’Abidjan. Originaire de la Caraïbe, le bigsun est une épice de qualité non seulement pour le marché local. Il a l’avantage d’avoir une forte valeur commerciale. Le kilogramme revient au bas mot à 1 000 FCFA. L’autre avantage, c’est sa précocité (nombre de jours entre la plantation et la première récolte) qui est de 90 jours et son cycle de production relativement de 220 jours.  Il a un rendement variant entre 10 et 15 tonnes à l’hectare. Pour ce projet, nous tablerons sur un volume de 10 tonnes pour un cycle de production avec 10% de déperdition, soit un volume commercial utile de 9 000 kg.  Avec ce volume, on peut réaliser une recette de 9  millions de FCFA. Pour arriver à un tel résultat, il faudra mobiliser un investissement équivalent à la somme de 1 619 300  FCFA pour répondre aux besoins en main-d’œuvre, en matériels agricoles, en achat de semences, etc. La ferme étant située à proximité d’Abidjan, l’écoulement des produits se fera plus aisément.

Identification et estimation des besoins

Après avoir sélectionné une terre fertile, il faudra y réaliser des travaux champêtres. Cela nécessitera de recruter de la main-d’œuvre agricole temporaires. Il faudra acquérir également du matériels agricoles et des semences ainsi que d’autres produits utiles  tels que les fongicides, insecticides, engrais, etc.

Nature et coûts des travaux à réaliser

Nature des travaux quantité Coût unitaire Coût total
Défrichage 25 2000 50 000
Abattage et tronçonnage 25 2000 50 000
Labour du sol 25 2000 50 000
Piquetage bornage 25 2000          50 000
Forfait trouaison     100 000
Forfait réalisation et entretien de la pépinière sur 45 jours     200 000
Forfait repiquage     100 000
sarclage   75 000 75 000
Forfait récolte     160 000
Forfait transport     50 000
    total 885 000

NB : Ce tableau ne prend pas en compte les dépenses liées à l’acquisition d’un terrain. Il n’existe pas de barème en la matière. De manière générale, les prix varient d’un propriétaire à un autre et également selon la situation géographique du terrain. Pareil pour la location. Elle peut coûter entre 10 000 et 100 000 francs CFA l’hectare. Le promoteur peut se défaire des travaux liés au défrichage, abattage et tronçonnage s’il ne s’agit pas d’un site en jachère. Pour comprendre le coût du défrichage, il faut partir du fait qu’en matière de travail décent, on estime qu’il faut en moyenne 25 personnes pour défricher une parcelle d’un ha en jachère.  En d’autres termes, il faut 25 jours à une seule personne pour défricher une telle superficie bien broussailleuse. C’est le même procédé pour les autres activités.

Achat de semences, d’engrais et de produits phytosanitaires

Produits ou semences Quantité Coût unitaire (FCFA) Coût total (FCFA)
Achat de boites de semences de 50 gr 8 13 000 104 000
Fertilisation :      
NPK 10 18 18  (kg) 254 500 127 000
Urée (kg) 300 640 192 000
Sulfate de potasse (kg) 300 360 108 000
Produits phytosanitaires :      
Furadan (kg) 2 3000 6 000
Almanèbe (kg)    1 4 000 4 000
Boites de 100 ml de Callidim 400EC (ml) 5 1000 5 000
Boites de 100 ml de Cypercal 5 1000 5 000
    Total 551 000

NB : A défaut d’engrais NPK 10 18 18, le promoteur peut utiliser du compost, c’est-à-dire de la fumure organique ayant subi au moins trois mois de compostage. En outre l’utilisation des produits phytosanitaires se fait au besoin et non de manière mécanique.

Achat des équipements

désignations Quantité Cout unitaire Cout total (FCFA)
machettes 6 2 600 15 600
limes 4 1 500 6 000
plantoirs 4 5 775 23 100
cordeaux 4 2 500 10 000
Brouettes 2 25 000 50 000
pelles 2 2 600 5 200
arrosoirs 2 4 700 9 400
Râteaux 2 2 000 4 000
pulvérisateurs 1 60 000 60 000
    Total 183 300

NB : Nous nous trouvons ici dans le cas d’une culture non mécanisée. D’où l’utilisation d’outils rudimentaires tels que la machette, les arrosoirs et autres. L’idéal serait qu’on passe à une agriculture mécanisée. Cependant, cela est très onéreux.

NB : Au total l’investissement hors main d’œuvre permanente et acquisition de ferme pourrait revenir à : 183 300 + 551 000 + 885 000 = 1 619 300 fcfa. On pourrait réserver 500 000 fcfa comme salaire annuelle des deux travailleurs permanents à raison de 250 000 fcfa par personne.

Ressources humaines

La gestion au quotidien de la ferme maraichère, nécessitera le recrutement  d’une personne qui jouera le rôle de contremaitre. On pourra lui adjoindre un manœuvre qui sera son aide. Ils auront pour rôle de surveiller le site, de coordonner les différents travaux, d’estimer les besoins du champ, de recruter du personnel temporaire, etc. Pour limiter les dépenses, le promoteur peut décider de jouer le rôle de contremaitre.  En dehors de ces deux personnes qui seront présentes de manière permanente, il devra recruter du personnel au fur et à mesure des besoins de la plantation. Des personnes pour défricher, d’autres pour l’abattage des arbres, un autre groupe pour le tronçonnage, d’autres pour la conduite de la récolte et la collecte, etc. Ces derniers seront payés après l’accomplissement des tâches qu’on leur confiera selon la grille salariale indiqué dans le tableau 1. Il peut choisir de reconduire les mêmes personnes à chaque fois, à condition qu’elles soient véritablement aguerris à la tâche.

Encadrement et supports pédagogiques (facultatifs)

Il n’existe pas à priori d’organisation dont les activités sont exclusivement dédiées à l’encadrement de producteurs de piment. Néanmoins, le promoteur peut avoir recours à un nombre importants de conseillers agricoles exerçant sur le territoire national. On peut trouver de tels conseillers au sein de la Cellule universitaire d’études et de conseil pour le développement agricole (CUECDA) dont le siège se trouve dans la commune d’Abobo. Cette structure se propose d’accompagner les planteurs dans la mise en place et la mise en production de leurs cultures enfin d’en assurer le succès. L’appui de la coopérative des producteurs et transformateurs d’épices de Côte d’Ivoire (copteci) peut également être utile à tout producteur débutant. Par ailleurs, les ressources de l’agence nationale de développement rural (Anader) ainsi que celles du centre national de recherche agricole (CNRA) peuvent être d’un concours précieux. Le CNRA propose entre autre un support pédagogique destiné à la réussite de la mise en place d’un maraicher de piment ainsi que des variétés de piment éprouvées par la science. Son support pédagogique « bien cultiver le piment en Côte d’Ivoire » insiste sur les bonnes pratiques agricoles en la matière.

Mise en œuvre du projet

Plusieurs étapes sont à maitriser si l’on veut réussir dans l’activité de production de piment. Il s’agit de la mise en place de la pépinière, ensuite la mise en place de la culture, puis son entretien et sa protection.

Mise en place de la pépinière

La pépinière doit être installée sur un sol argilo-sableux, près d’un point d’eau et non loin de la parcelle qui recevra les plants. Pour 1 ha de culture, il faut prévoir 400 g de semences soit 8 boites de 50 gr, prévoir également 200 m² de planche. Il faut labourer et ameublir le sol puis confectionner des planches de 1 m de large. Epandre 20 gr d’engrais NPK 10 18 18. A la veille du semis, épandre du furadan pour désinfecter les planches à raison de 10 g par m². Couvrir ensuite les planches de plastiques noir ou de palmes. Après la levée des graines, il faut  installer une ombrière de 50 à 80 cm de haut. Le semis se fait en ligne distantes de 10cm en mettant 2 à 3 graines tous les 5 cm. Couvrir les graines d’une légère couche de terre. Déposer sur la planche, des palmes désinfectées par pulvérisation d’un mélange de fongicide et d’insecticide : 20 g/l d’eau d’almanèbe 80WP et 1 ml/l d’eau de cypercal. Arroser immédiatement. L’entretien de la pépinière se fait avec la mise en place d’une ombrière et par un arrosage régulier à raison de deux arrosoirs de 20 litres par m² et par jour. En cas de besoin traiter au fongicide et à l’insecticide. L’ombrage peut être enlevé progressivement à partir du 15ème jour jusqu’à disparaitre une semaine avant le repiquage. La pépinière dure entre 40 et 45 jours.

Mise en place de la culture

Le sol devant accueillir les plants doit être profond, riche en humus et en matières fertilisantes. Il doit être également bien drainé.  Défricher sur 15 à 30 jours avant le planting. Labourer à 30 cm de profondeur, pulvériser et ameublir. En zone de savane, il est préférable de faire des billons. Epandre 250 kg d’engrais minéral NPK 10 18 18 un jour avant le repiquage. A défaut utiliser du compost. Il faut choisir les plants les plus vigoureux pour le planting. Après un labour profond, repiquer à plat en lignes distantes de 1 m en séparant les plants de 0,50 m entre les poquets. Cela donne 20 000 plants par ha. Arracher les plants après les avoir arrosés puis repiquer les pieds, après les avoir plonger dans une solution contenant un fongicide et un insecticide. Enterrer les plants jusqu’au collet puis arroser.

Entretien et protection de la culture

L’entretien de la culture revient à mener des activités de sarclage (désherbage), d’apport de fumure et d’irrigation. Le sarclage doit se faire de manière régulière, surtout  en début de culture pour maintenir la parcelle propre. Au besoin, on peut utiliser un herbicide pour réduire la pression des mauvaises herbes. 30 jours après le repiquage, il faut apporter par sarclo-binage 100 kg d’urée et 100 kg de sulfate de potasse. Répéter le processus 60 et 90 jours après le repiquage. Si la culture a lieu en saison sèche, il faut arroser tous les jours, matin et soir, à raison de 2 arrosoirs de 20 litres d’eau par m². La protection de la culture consiste à lutter contre les maladies telles que les viroses, les maladies fongiques, les bactérioses et les nématodes. Contre les viroses, le promoteur peut utiliser au besoin la callidim et contre les maladies fongicides l’Ivory 80WP à raison de 35 gr par m². Quant aux deux dernières maladies, la solution réside dans les bonnes pratiques agricoles telles que la rotation culturale, l’utilisation d’un sol bien drainé, etc. Pour lutter contre les ravageurs, le cypercal peut convenir.

Modèle commercial

Le bigsun produit de beaux fruits globuleux de couleur jaune lorsqu’ils sont mûrs. Il a un goût piquant et aromatique qui relève les plats. En langage ivoirien, on l’appelle le piment « sens bon ». La récolte du bigsun commence 90 jours après le repiquage. Au bout d’un cycle de culture de 220 jours, l’entrepreneur agricole aura produit en moyenne 10 tonnes de piment, soit 10 000 kg de piment bigsun pour un ha. Si l’on prend en compte une probable perte post-récolte de 10%, il se retrouvera effectivement avec 9 000 kg qui seront effectivement vendu soit sur le marché local (restaurants, ménages, etc) soit à l’export. Le marché à l’export est le plus promoteur avec une demande sans cesse croissante. Le piment bigsun se vend bien. Actuellement, son coût moyen est de 1 000 FCFA le kg. En culture de contresaison, ce coût peut être multiplié par 2,5, soit 2 500 FCFA. Si on arrive à écouler effectivement les 9 000 kg, on obtiendra une recette de 9 millions de FCFA. Mais le plus gros problème demeure la conservation. La durée de conservation en température ambiante est de 2 à 4 jours. C’est pourquoi il s’avère nécessaire de procéder à une transformation en poudre après séchage. Pour cela on peut utiliser des séchoirs modernes tels que les serres en plastiques transparent qu’on utilise pour le cacao.

Le bénéfice après-vente de l’entrepreneur agricole pourrait s’estimer à : 9 000 000 – (1 619 300 + 500 000) = 6 880 700 fcfa

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