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Interview / Sourou Zié Koné, Président de l’Académie de l’Intelligence Economique pour l’Afrique (AIE-Afrique) : ‘‘l’Afrique est la dernière frontière, le continent d’où viendra la plus grosse croissance économique mondiale de tous les temps’’

Diplomé de philosophie, de Communication politique et de gestion des Ressources humaines, Sourou Zié KONÉ est le Président de l’Académie de l’Intelligence Économique pour l’Afrique (AIE-Afrique), une organisation qui ambitionne de faire de la prochaine génération de leaders africains des  acteurs du développement par la technologie, l’éducation et le développement de l’esprit d’entrepreneuriat. Nous lui avons rendu visite pour en savoir davantage. Voici son entretien exclusif avec l’Accélérateur Africain.

L’Académie de l’Intelligence Économique pour l’Afrique (AIE-Afrique), qu’est-ce que c’est exactement ?

L’Académie de l’Intelligence Économique pour l’Afrique (AIE-Afrique), est une institution internationale indépendante, laïque et apolitique établi à Abidjan. C’est un outil d’aide à la décision. C’est un lieu de rencontre vivant, interdisciplinaire et ouvert sur l’Afrique et le monde. Voyez-vous, le monde connaît des transformations inédites. Il devient indispensable d’alimenter les boussoles stratégiques des États, des entreprises et  des institutions grâce à une intelligence économique repensée et prospective. En organisant des débats et des échanges entre les entrepreneurs, l’administration, la société civile et particulièrement avec les jeunes, l’Académie s’investit pour action dans la réponse à de nouveaux défis, à savoir : la souveraineté numérique, la géopolitique, l’éthique, la sécurité globale… Elle œuvre en ce sens au renforcement des actions de formation.

Comment est née cette organisation et quelles sont ses principales missions ?

L’AIE-Afrique est créée en Janvier 2022, pour traiter des affrontements économiques, de l’importance des grilles de lecture et du patriotisme économique africain (L’Afrique doit dire Non). L’AIE-Afrique forme au « Penser autrement ». Elle réalise ses missions à travers des séminaires et des conférences thématiques consacrés à l’intelligence économique et stratégique, ses métiers et aux défis qu’elle permet d’affronter. Une chose que j’ai vue en faisant ma petite expérience, est que les gens ont des connaissances très limitées en matière de technologie et du potentiel de l’Afrique. Et le peu de connaissances qu’ils ont leur viennent des médias et tous diffusent des informations trop souvent négatives. J’ai donc décidé de créer une vitrine sur les choses positives qui existent également en Afrique. Nous avons pensé que le meilleur moyen d’accroître la fierté et la confiance en soi chez les africains est de nous investir et d’investir dans l’éducation de base, la technologie et l’entreprenariat… Afin qu’ils soient à même de parler de l’Afrique avec autant de fierté et de confiance que le font les autres pour leurs continents.

Nous avons comme ambition d’offrir une plateforme pour approfondir la réflexion et l’action autour de l’Afrique. D’explorer quels sont les futurs possibles que recèle le monde contemporain, les enjeux majeurs liés aux tendances lourdes et émergentes d’évolution à moyen et à long terme, les choix et les stratégies pouvant être adoptés face aux défis à venir. C’est un choix assumé. Et aujourd’hui, l’AIE-Afrique en est le cadre dédié et idéal.

Vous vous définissez comme un think and do tank (et non simplement un think tank), Qu’est-ce que cela implique ?

L’AIE-Afrique, se positionne comme un laboratoire d’idées, un espace de réflexion et un créateur de débats par excellence. Elle est un important interlocuteur sur les questions liées au continent africain à travers ses différentes activités, publications et analyses. Elle a développé une expertise certaine en matière d’analyse des grandes thématiques de l’agenda international. En tant que « Do Tank », elle se tourne vers l’opérationnel, avec une capacité d’initiative et d’action beaucoup plus large, tout en préservant son indépendance, son impact et sa valeur ajoutée en termes d’influence, de débat et de réflexion. Cette posture, lui permet de devenir plus autonome, d’élargir son champ d’action et de diversifier ses activités dans le but de répondre à des problématiques en constante mutation et aux attentes d’un nombre croissant d’organismes et d’institutions, tant nationaux qu’étrangers.

La différence avec un think tank classique est toute nette. En ce sens qu’un « think tank classique » excelle plus dans la réflexion, la théorie que dans l’action qui est plus du domaine d’un « do tank ». L’AIE-Afrique, c’est dans les deux sens : La réflexion et l’action.

Vous voulez établir un cadre dans lequel l’Afrique est le centre d’intérêt principal. Au détriment de qui ? Pourquoi un tel objectif ?

L’Afrique et ses 1,2 milliard d’habitants est devenue une véritable arène de la compétition que se livrent les grandes puissances, la Chine, la Russie et les États-Unis… qui veulent y étendre leur influence. Il n’y a jamais eu autant de visites de haut rang à travers l’Afrique que depuis que les tensions entre ces puissances se sont exacerbées. Dans ce ballet diplomatique et géopolitique, il est question de sécurité, d’accès aux richesses que le sous-sol africain recèle, comme le pétrole, le cobalt, le manganèse, le zinc, le nickel, mais aussi de produits agricoles. Bien que l’Afrique reste obstinément le continent le plus pauvre de notre planète, elle est le terrain d’une compétition féroce entre puissances grandes et moyennes depuis le début du XXIe siècle. Les manifestations les plus visibles de cette compétition sont la projection de puissances militaires étrangères et l’inflation des sommets où un pays prétend rencontrer le continent africain. Le défi de l’AIE-Afrique, c’est d’affronter l’inédit et les aléas de transformations radicales dans la bataille mondiale pour l’hégémonie technologique, industrielle et juridique. Au cœur de ces tensions, elle doit sans cesse veiller et œuvrer à ce que les choix économiques et technologiques s’encastrent véritablement dans la vie sociale des africains.

Ces dernières années, l’Afrique connaît une croissance économique positive. Cependant, cela ne se traduit pas par une croissance massive d’emplois pour la jeunesse et une création de richesse soutenue pour les populations comme vous l’avez insinué plus haut en qualifiant le continent de plus pauvre de la planète. Quelle est votre solution pour résoudre une telle problématique ?

Nous, comme les décideurs politiques, partenaires au développement, visionnaires du secteur privé ou simples citoyens, devons collectivement pousser au changement et redoubler d’efforts pour répondre aux attentes de la jeunesse actuelle, de sorte que les jeunes puissent tirer parti des opportunités qui s’offriront à eux, en parallèle avec la croissance économique. Ils ne pourront y arriver sans un accès à un enseignement de haute qualité, au financement, à la terre et aux technologies, et sans des infrastructures d’appui et des opportunités régionales de commerce, susceptibles de bénéficier au secteur privé et générer des emplois productifs. En somme, de l’adoption de réformes abordant un large éventail de questions interconnectées dépend l’avenir des jeunes Africains et du continent, au cours des décennies à venir. Nous continuons de faire évoluer notre vision et de faire notre part.

Pour vous, quelle est la clé du développement africain ?

Pour parler du développement de l’Afrique, nous devons nous assurer que les bases ont été couvertes. Nous parlons donc d’éducation, de technologie, d’agriculture et nous parlons de développement personnel. Contrairement à ce qui est perçu dans les pays développés, certains Africains n’ont pas accès aux soins basics de santé ni même aux bonnes écoles. Avec l’AIE-Afrique, nous essayons de nous concentrer sur l’éducation, la technologie et l’entrepreneuriat. Parce que beaucoup d’étudiants ont fini l’école sans toucher à un ordinateur. Comment vont-ils rivaliser avec d’autres dans un monde où certains pays comme le Japon et d’autres ont une avance de plus de 4 ans sur eux avec les ordinateurs ? Nous parlons de codage et de croisement pour que les jeunes comprennent que la technologie doit être utilisée pour faire face aux défis qu’ils rencontrent.

Dans ce processus de développement, quelle peut être la place de la femme africaine ? Comment lui donner la place qu’elle mérite dans le développement socio-économique du continent ?

SZK : Bien que le continent recense l’un des plus fort taux de participation des femmes à la vie active (derrière l’Asie), les emplois précaires demeurent cependant la norme. Les femmes africaines travaillent bien souvent plus que les hommes et assument la plupart des tâches ménagères (non rémunérées). Si l’on veut mettre fin à la pauvreté dans le monde, misons sur les femmes. Cela est d’autant plus vrai en Afrique subsaharienne. Permettre à davantage de femmes d’accéder à de hautes responsabilités, leur donner la possibilité d’entreprendre, de consommer et de faire partie intégrante de la vie économique transformera le continent. Pour le meilleur. L’AIE-Afrique consacre à la femme africaine un programme spécial dénommé : WOMEN MAKE AFRICA (WMA). Parce qu’elle a compris que sans la femme africaine rien de grand ne s’est bâti et ne pourra être fait en Afrique.

Quel est l’actualité de votre organisation en ce moment ? Parlez-nous de vos prochaines activités et de ce qui a été déjà réalisé.

Je parlais tantôt de l’un de nos programmes phare dédié à la femme africaine : Women Make Africa (WMA). Ce fut notre dernière initiative, il y a peu. Nous avons déjà fait une édition de notre programme dédié à l’intelligence économique et stratégique : Week-end de L’Intelligence Économique (WIE). Pour cette année, ce qu’il faut retenir, c’est que nous avons un plateau de programmes riches qui arrive.

Une adresse aux africains ?

En tant qu’Africains, nous devons savoir que pour parvenir à notre prospérité, il faut être unis et solidaires. Nous Africains présents sur le continent devront rester liés à ceux de la diaspora. Nous devons réaliser que l’Afrique est la dernière frontière. C’est d’ici que viendra la plus grosse croissance économique mondiale. Nous ne devrions pas permettre aux corporations multinationales d’être les seuls bénéficiaires du développement de l’Afrique. Donc, plus tôt nous nous réunirons, mieux ce sera pour l’avenir de nos enfants. J’aimerai profiter de votre média pour demander aux Africains de se lever, et je suis certains qu’ils commencent à ouvrir les yeux. Nous devons comprendre que nous sommes les seuls maîtres de notre destin actuellement. Nous n’aurons plus besoin de blâmer les colonisateurs car nous avons le pouvoir de décider comment intégrer le monde technologique et s’en servir pour notre développement.

Propos recueillis par Marius Nouza

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