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Livraison: Une activité rentable, mais un secteur à réglementer

L’évolution des habitudes et moyens  de consommation ont créé des niches pour les entrepreneurs ces dernières années. C’est le cas du secteur de la livraison qui connait un boom assez récent. Cependant, beaucoup reste à faire, notamment en matière de réglementation  si l’on veut amener les entreprises à s’en sortir véritablement.

Le secteur de la livraison a soif de réglementation mais ce chantier demeure encore difficile à réaliser (Ph Dr)

Depuis le développement de l’e-commerce en Côte d’ Ivoire, le secteur de la livraison est devenu l’un des plus dynamiques. En 2020, avec l’avènement de la pandémie à coronavirus, ce dynamisme a connu un renforcement avec les nombreuses mesures de lutte contre cette maladie qui privilégiait le confinement partiel, la distanciation sociale et le télétravail. Avec un tel contexte, on peut, même avec un œil de profane, déduire que cette activité est fortement rentable pour les entrepreneurs qui s’y lancent. C’est ce que nous confirme Ariane Zago, directrice de A Z Express. « Avec une bonne étude de marché et un bon business plan, l’activité de livraison est véritablement rentable ». Cependant, elle prend le soin de nous indiquer que la livraison, bien que rentable, souffre d’un handicap majeur : l’anarchie et la concurrence déloyale.

Il faut de l’ordre dans la livraison

« Aujourd’hui, tout le monde s’improvise operateur économique dans le secteur de la livraison. Il suffit d’avoir une moto pour commencer à prospecter les clients sur le terrain au détriment des règles basiques qui régissent la création d’entreprises en Côte d’Ivoire », déplore-t-elle. Elle a été choquée de constater un jour que la formalisation était un moindre souci pour la majorité des entreprises du secteur. Alors qu’elle essayait de mieux organiser les livreurs d’Abidjan autour d’une page Facebook à partir d’un questionnaire à remplir en ligne, elle réalise que la grande majorité répondait « non » lorsqu’il s’agissait d’indiquer si leurs entreprises existaient légalement ou était en voie de création. De quoi montrer l’ampleur du phénomène.

Lucien Yao, directeur général de DeliV’Com fait également le même constat. « Aujourd’hui le secteur de la livraison, c’est comme une boulangerie, tout le monde y entre comme il veut ». Pour lui, d’un coté, il y a des acteurs légalement constitués, et de l’autre les illégaux. Une situation qu’il dénonce aussi. Il n’est pas question pour lui de jalouser ces illégaux, ou de les mépriser, mais, il fait le constat selon lequel, leurs activités nuisent gravement à la crédibilité et a la viabilité du secteur. « Il nous font de la concurrence déloyale parce que nous avons des charges fiscales qu’ils n’ont pas. Et à cela, il faut ajouter les nombreuses plaintes dont le secteur est de plus en plus l’objet à cause de leur présence: vols de colis, colis ou livreurs portés disparus, sociétés introuvables, etc ». Depuis la création de son entreprise en 2017, Lucien Wilfried Yao s’est engagé dans une démarche de qualité selon lui: assurance des produits, traçabilité et suivis des colis, remboursement du client en cas de vols imputables a l’entreprise, etc. Ce qui fait qu’il propose des prix de prestations plus élevé que la moyenne. Mais dans un contexte de concurrence déloyale, il est difficile pour lui de se faire entendre par certains clients. Pour le jeune entrepreneur, il faut que l’Etat essaie d’assainir le secteur.

L’Etat face à ses responsabilités

Les cris des entrepreneurs ont été peut être entendus le 15 décembre dernier par l’autorité de régulation du secteur des télécommunications (ARTCI). En effet ce jour-là, l’Artci  a organisé dans son auditorium une importante rencontre sur l’assainissement du secteur postal et la mise en conformité des entreprises désireuses d’opérer dans le domaine, notamment les entreprises de livraison. En effet, la livraison fait partie de la catégorie des activités postales et c’est cette structure étatique qui est en charge de la régulation du secteur selon la loi N°2013-702 du 10 octobre 2013 portant code des postes. C’est elle qui délivre donc les autorisations d’exercer. L’un des objectifs de cette rencontre, était de dévoiler aux nombreux opérateurs économiques du secteur la réglementation en vigueur. Cela s’avérait nécessaire face à la cacophonie qui règne. En réalité, seule la poste de Côte d’Ivoire dispose d’un agréement de service postal universel. Il faut lui ajouter les gros opérateurs économiques tels que Fedex, DHL, Chronopost qui ont obtenu des agréments avant la réforme de 2013 sans oublier Jumia et Glovo, reconnus par l’Etat. A cote de ceux-ci, il existe des sociétés de livraison qui bien qu’elles soient légales, ne le sont pas conformément à la nouvelle réglementation. Enfin, il faut prendre en compte la majorité des sociétés exerçant dans l’informel pour faire un décompte complet de tout le secteur. Il appartient donc  à l’autorité de mettre de l’ordre, parce que le secteur de la livraison est de moins en moins sécurisé. Cela peut se faire en soumettant tous les acteurs à la réglementation. D’où l’organisation de la rencontre.

La poste de Côte d’Ivoire dispose d’un agrément conforme à la nouvelle réglementation (Ph Dr)

Cependant, toutes les conditions requises ne sont pas accessibles  à tous, en particulier l’obligation de s’acquitter d’un montant de 10 million fcfa pour exercer. Bien que payable en 10 années, cette somme est décourageante pour les plus petits opérateurs. « Avec une telle exigence, l’Etat n’encourage pas l’entrepreneuriat local, mais les multinationales », estime Ariane Zago. A l’évidence, l’Etat met au même niveau les gros opérateurs (comme glovo et jumia) et les petits opérateurs économiques.

Marius Nouza

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