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Yaya Koné, co-fondateur et directeur des opérations de Coliba: Un vent de changement dans la gestion des déchets en Côte d’Ivoire

Le tri et le recyclage des déchets solides ne sont pas encore ancrés dans les habitudes des ménages en Afrique, en particulier en Côte d’Ivoire. Préoccupée par cette situation, Yaya Koné veut contribuer au changement de comportement chez les populations tout en s’installant dans une niche rentable à travers Coliba, l’entreprise qu’il a co-fondée en 2015.

Ph: DR

Un jour de 2015, après avoir mangé dans un restaurant au Plateau, Yaya Koné a du mal à trouver une poubelle pour jeter sa bouteille plastique. Frustré, il la gardera sur lui jusqu’à son domicile à la riviera Faya. Plus tard, une autre frustration interviendra. Depuis son retour de France, il a pris l’habitude de faire le tri de ses déchets. Ainsi les bouteilles plastiques sont mis à part et les autres types de déchets aussi. Mais à sa grande surprise, le collecteur de déchets ne tiendra pas compte de ce tri. A son premier passage, il prendra tous les déchets ensemble et les mettra dans un même réceptacle et continuera son chemin. Titulaire d’un MBA en développement durable, Yaya Koné qui a appris le réflexe du tri lorsqu’il était en France, est frustré par ces deux situations (sans être forcément surpris) et décide qu’il peut faire quelque chose. Il mûri un projet dans ce sens, puis, une opportunité s’ouvrira devant lui.

Des récompenses dès le début

Il entend parler d’un appel à projets lancé par Ampion venture bus, une ong qui s’est donnée pour mission de booster l’innovation et l’entrepreneuriat en Afrique à travers un bus qui parcourt le continent (6 pays) en organisant un concours de prototypage pour startup sur cinq jours. Il participe à l’appel et est retenu par les organisateurs pour participer à l’hackaton. A bord du bus, Yaya fait la rencontre de trois autres jeunes issus du Ghana, du Burkina Faso et du Nigéria. A quatre ils font le prototypage de la start-up Coliba, en s’inspirant du nom donné aux pré-collecteurs informels d’ordure au Ghana (Colibans). A la finale du concours au Nigéria, destination finale du bus, ils vont remporter le premier prix. Yaya Koné retourne à Abidjan après le concours, émerveillé par ce qu’il vient de faire avec trois jeunes. Il décide ne pas s’arrêter en si bon chemin et participe à un autre appel à projets suivi d’un concours organisé, cette fois-ci, par la Banque africaine de développement en décembre 2015. Il a le temps de bien peaufiner le projet Coliba et de le rendre plus attractif. Là-bas également, il remportera le premier prix et se dit qu’il y a de la matière dans le domaine. Il améliore encore le projet, revoit le business plan et le présente à un troisième concours organisé à l’initiative de la FrenchTech à Abidjan. Il gagne encore le premier prix puis part à Paris pour présenter avec succès Coliba à Bercy au Ministère de l’économie numérique en France. Il rencontrera un jeune français d’origine nigériane, Genesis Ehimegbe, impressionné par le projet et qui lui propose de travailler avec lui. Ce qu’il n’hésitera pas à accepter.  En 2017, Yaya Koné, enrichit par ce début prometteur dans le monde de l’entrepreneuriat décide de se consacrer entièrement à son projet et au secteur du développement durable et de la protection de l’environnement.

Cette décision marque une reconversion à 360°. En effet, Yaya est à la base titulaire d’un doctorat en anglais obtenu à l’université de Caen en France, suite logique d’une maitrise en anglais obtenu à l’université de Bouaké. Il sera assistant à l’université de Caen pendant un an et demi, et se réorientera dans la formation professionnelle. Ce qui lui permettra d’obtenir un MBA en développement durable et management opérationnel à l’Institut supérieur de commerce de Paris. Mais lorsqu’il revient au pays, c’est pour occuper le poste d’enseignant d’anglais à l’Université Félix Houphouët Boigny de Cocody pendant 2 ans avant de rejoindre le groupe Banque Atlantique en tant que directeur stratégique chargé du digital pendant également 2 ans. C’est ce début de carrière intéressant qu’il finira par abandonner en 2017 au profit de la gestion des déchets solides.

Faciliter la collecte et encourager le tri des déchets

Coliba est un projet entrepreneurial d’envergure, dont l’objectif général est de faciliter la collecte des bouteilles plastiques et d’encourager au sein de la population le tri des déchets. C’est une application web, mobile et SMS qui connecte les ménages, les entreprises et les institutions avec des collecteurs de déchets franchisés afin de récupérer toutes les bouteilles plastiques pour le recyclage. Pour motiver les populations à s’impliquer dans cette collecte, en fonction de la quantité et de la qualité des déchets, Coliba offre des points qui sont convertissables en data internet, crédits de communication, produits cosmétiques  et/ou denrées alimentaires de base pour les ménages défavorisés. Ces bouteilles collectées sont stockés dans trois centres à Yopougon, au Dokui et à angré 7ème tranche dans la commune de Cocody. L’idée c’est de pouvoir transformer toutes ces bouteilles en granulés et paillettes qui seront vendus aux industriels locaux. L’usine de transformation dont la construction est  en cours non loin du complexe de Yopougon sera bientôt et accueillera des machines industrielles en provenance de Chine. 

Ph MN

Coliba est un projet dont la réalisation nécessite la mobilisation de 3 millions d’euros (environ 2 milliards de fcfa). Pour l’heure, Yaya et son associé Genesis travaillent sur fonds propre grâce à leurs économies, les retombés des prix remportés et l’appui d’un investisseur français disposant d’entreprises dans le CAC40. Sur le plan purement commercial les partenaires ne font qu’affluer : groupe Accor (Sofitel, Ibis, Novotel), l’hôtel Tiama, Solibra, résidence de France. Dans un proche avenir, ils seront en partenariat avec un conglomérat américain spécialisé dans les polymères avec lequel un accord de principe a été signé. Ils sont également en partenariat avec le groupe MTN suite à leur succès cette année au concours Y’ello Start-up organisé par cet opérateur de téléphonie mobile.

Une visée sous régionale et 1,5 milliards fcfa en vue

Le numéro 1 de la télécommunication en Afrique va aider l’entreprise à développer sa technologie mobile tout en facilitant son expansion. En effet Coliba veut s’implanter dans 7 pays dans la sous-région dont le Ghana, où il est timidement présent, au Burkina Faso, au Nigéria, au Bénin et au Tchad. L’entreprise projette de réaliser un CA de 1,5 milliards fcfa dans les années à venir. En plus de lutter pour la protection de l’environnement, les deux associés veulent dans la mesure du possible, contribuer à la création d’emplois. Pour l’heure toute l’équipe comprend environ 18 personnes y compris les deux associés. Ce chiffre devrait rapidement atteindre 1 300 personnes dans toute la sous-région à terme dont plus de 300 en Côte d’Ivoire. Par ailleurs, d’ici 5 ans, l’entreprise veut arriver à recycler (ou transformer en granulé et paillettes) 30 000 tonnes de bouteilles plastiques par an sur l’ensemble des 7 pays, dont 5 000 tonnes en Côte d’Ivoire.

Marius Nouza

Encadré

Rigueur, discipline et travail, les trois clés du succès de l’entrepreneur

Si vous demander à Yaya Koné : « quelles sont les valeurs que tout entrepreneur doit développer pour réussir ? »  Il vous répondra sans hésiter « rigueur, discipline et travail ». Pour lui, tout entrepreneur ou potentiel entrepreneur qui ne s’impose pas ces trois valeurs ne peut pas réussir. A l’écouter, l’entrepreneur est ou doit être au centre de sa propre réussite. Il est le personnage clé par lequel tout se met en marche. Donc, le travail doit se faire à son niveau personnel.  S’il ne sait pas se forger un caractère d’homme rigoureux, discipliné et travailleur, alors la réussite ne peut être son partage. Yaya fait partie de ces rares personnes qui pensent que la meilleure source d’inspiration c’est soi-même. « Il faut s’inspirer de son propre parcours, de ses propres expériences, et se forger un caractère fort ». Bien sûr, cela ne veut pas dire qu’on ne doit pas accepter de conseils venant de personnes extérieures. Bien au contraire. Yaya dit recevoir régulièrement des conseils qu’il met en pratique quand ils sont pertinents pour faire avancer sa carrière. A la jeunesse ivoirienne qui désire entreprendre, il conseille d’avoir au moins un projet qui cadre avec la résolution des problèmes que vivent les ivoiriens au quotidien. « Il ne faut pas superposer des projets ou faire des projets parce qu’il faut les faire. Il faut des projets qui ont un sens pour les ivoiriens et pour la Côte d’Ivoire ». Enfin, à la rigueur, la discipline et au travail, l’entrepreneur doit ajouter également la formation au quotidien, en se documentant et en lisant beaucoup.

MN

Article publié pour la première fois dans « la tribune de l’économie »

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