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Aménagement sportif: Des pneus usés transformés en revêtement pour sol

Collecter, traiter et recycler des pneus usés pour fabriquer des revêtements de sol écologique, telle est la spécialité de Pneupur, une startup œuvrant dans le développement durable. Créée par Benjamin et Frédéric Belibi, deux frères jumeaux d’origine Camerounaise, cette startup a pour ambition de traiter 150 000 pneus d’ici 2021.

Le parcours similaire des frères Belibi témoigne de leur passion pour le recyclage des pneus usés (Photo : DR)

Grâce à l’aide des étudiants ingénieurs d’Arts et Métiers Paristech, les Frères Belibi ont pu développer un procédé de recyclage des pneus usés. Ce projet qui comprend différents stades, est reparti en quatre phases bien distinctes à savoir la collecte, le traitement, la transformation et la valorisation des pneus usés. La collecte se fait d’abord par une application web. A ce niveau, les particuliers peuvent indiquer des décharges sauvages de pneus ou simplement ceux qu’ils ont chez eux. En échange, Pneupur reverse 200 Fcfa en moyenne par pneu, en fonction de leur état. Récupérés, les pneus usés sont par la suite broyés. Ces pneus passent dans une machine qui les déchire et sépare les différents matériaux. Des aimants permettent d’extraire le fer et les autres métaux. Une soufflerie évacue d’autres matières non métalliques comme le caoutchouc ou les fils textiles. Après quoi, la granulométrie leur permet de savoir quelle dose de caoutchouc il faudra pour atteindre le bon mélange pour transformer le produit en revêtement sportif. Tout ce procédé est effectué en respectant les normes de sécurité et antipollution très élevées de l’Union européenne. La dernière phase consiste en la pose du revêtement sous plusieurs formes : tapisserie de terrains de sport (stades de basket, pistes d’athlétisme), de cours d’école, de cours d’intérieurs d’habitations et les espaces publics.

Basés en France, les frères Belibi ont décidé de lancer ce projet au Cameroun, leur pays d’origine. Depuis leur récente installation dans ce pays, la startup Pneupur a déjà décroché, en plus d’un centre de loisirs et un groupe de maisons d’hôtes à Yaoundé, quatre chantiers tests dans des écoles privées pour un total de 2000 m² de sols. Ce qui a représenté environ 50 000 euros (327 millions de Fcfa) de chiffre d’affaires. De 2015 à 2019, le projet des frères Belibi leur a même valu plusieurs récompenses. Ils ont ainsi été lauréats de plusieurs prix parmi lesquels le Prix de l’Entrepreneur Africain.  En 2020,  ces frères jumeaux prévoient se doter d’une usine de 3ha à Bikok, une localité camerounaise située dans la région centre du pays. Mais bien avant d’en arriver là, leur parcours n’a pas été de tout repos.

Un parcours qui les destinait à ce projet

Après leurs études secondaires au collège François-Xavier-Mvogt au Cameroun, les frères Belibi s’envolent pour la France. Arrivés en hexagone, ils y décrochent un baccalauréat en Système de techniques industrielles au lycée Jean-Jaurès de Carmaux (Tarn) en 2005. Tous deux titulaires d’un BTS en maintenance et après-vente automobile, ces frères jumeaux, toujours ensemble, obtiennent leur premier emploi chez Mercedes. Ils poursuivent ainsi une tradition familiale car leurs parents possèdent une concession automobile au Cameroun. Dans cette concession automobile, ils y ont même travaillé de 2008 à 2012 tout en faisant la navette entre la France et le Cameroun. En 2014, à force de passer du temps dans les garages, ils observent que la récupération des pneus ne se fait quasiment pas de manière générale. « Personne ne récupérait les pneus, qui ne sont pas considérés comme des ordures ménagères. On ne peut pas les jeter dans toutes les déchetteries. Au Cameroun, la situation est identique, et il y a même de nombreuses décharges sauvages, sources de pollution », constatent-ils. Ils se sont donc demandé comment recycler les pneus usés ? Comment en récupérer le caoutchouc pour le transformer ? Ces questionnements sont à l’origine de Pneupur. Mais pour la concrétiser de l’idée, il fallait des connaissances en entrepreneuriat. Chose qu’ils n’avaient pas encore.  Pour y remédier, les frères Belibi ont décidé de se tourner vers des concours récompensant des idées d’entreprises. Et ce, dans l’optique de pouvoir bénéficier d’accompagnement de leur idée par la suite. Parmi ces concours, il y avait le concours entrepreneur en Afrique, organisé par Campus France. En 2015, les jumeaux sont lauréats de la première édition. Grâce à cette reconnaissance, ils ont pu avoir accès à des laboratoires et des infrastructures. En 2017, ils intègrent également Bond’innov, incubateur de start up situé en banlieue parisienne. Cet incubateur est essentiellement destiné aux entreprises qui souhaitent lancer des projets innovants en France et dans les pays du Sud. Après deux ans de R & D menée au laboratoire des Arts et Métiers ParisTech (LCPI) et à l’université de technologie de Troyes (UTT), les frères Bélibi ont trouvé chez Bond’innov des compétences et un réseau pour échafauder un business plan, réfléchir à une stratégie commerciale et préparer les premiers pas au Cameroun.

Chez Bond’innov, ces frères jumeaux ne sont qu’une seule et même personne. Célibataires, ils vivent ensemble, et partagent quasiment tous leurs moments. Le défi du recyclage sur le continent africain étant leur principale priorité. « Le challenge était de trouver une technologie adaptée à l’Afrique, où il fait très chaud. On traite donc les pneus à froid, sans additif. On ne les brûle pas comme cela peut être le cas dans d’autres techniques de recyclage », explique Benjamin en signifiant par la même occasion, qu’il faut également prendre au compte l’importance de l’économie d’énergie.

De bonnes perspectives annoncées

Sur plus de 3ha, l’usine qu’ils comptent installer au Cameroun sera située dans la banlieue de Yaoundé. Cette usine permettra de générer 42 emplois directs et 200 emplois indirects (collecteur de pneus) pour une capacité globale de traitement estimée à 150.000 pneus usagés. Pour ces jeunes entrepreneurs, au-delà de l’implantation de cette usine, l’important est de trouver déjà des clients afin de s’intégrer correctement tout en rentabilisant rapidement l’investissement de l’usine. A ce niveau, des contacts ont déjà été noués avec des écoles privées ou des particuliers non seulement au Cameroun, mais aussi au Congo Kinshasa et en République Démocratique du Congo. Pour Frédéric Belibi, cette initiative augure d’un avenir qui sera meilleur pour le continent Africain. « On a des fourmis dans les jambes. Nous sentons qu’il y a un vent nouveau en Afrique et nous voulons en faire partie », renchérit-il. Leur ambition ne s’arrêtera pour autant là car ils ont déjà le regard tourné vers les Jeux Olympiques 2024 qui se tiendront à Paris. En prélude à cet évènement, ils aimeraient proposer leur surface recyclée. D’ici là, ils tablent sur un chiffre d’affaire supérieur à 400 000 euros dès 2021. Cependant, hormis les enjeux économiques engendrés, le projet Pneupur suit avant tout une démarche écologique. Selon ces jeunes entrepreneurs, la priorité est moins dans la recherche du profit que dans la valorisation des pneumatiques hors course. Il s’agit ainsi d’œuvrer à la protection de l’environnement par la gestion durable des ressources. «Au-delà de la rentabilité financière, nous accompagnons les pouvoirs publics dans la protection de l’environnement. Notre objectif est aussi de montrer aux autorités que ce projet a besoin de leur participation. Avec le temps, on va installer d’autres unités de production pour une plus grande capacité de production mais nous n’avons actuellement pas suffisamment de moyens pour tenir cet objectif. Nous allons donc, à très brève échéance, lancer une levée de fonds pour avoir les moyens de mettre en place une unité de transformation locale», confient-ils.

Jean-Paul DEMOUSS

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