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Portraits de la semaine: Taylor Marcelle Yobouet, Directrice générale de Thalis Group : Celle qui a dompté l’univers minier

Yobouet Marcelle épouse Taylor est arrivée dans le monde minier par un concours de circonstances. Titulaire d’un BTS en marketing et communication, c’est dans ce secteur qu’elle va exceller avec Thalis Group, une entreprise qu’elle a mise en place en 2012. Aujourd’hui, cette entreprise spécialisée dans les travaux sur site minier est une « success story » à l’ivoirienne.

Fille de diplomate, Yobouet Marcelle a suivi sa carrière académique au gré des affectations de son père à travers le monde. Après un bac littéraire obtenu en 2002 au Lycée français du Caire, elle atterrit à Technicon, une grande école sud-africaine où elle va apprendre le marketing et la communication pendant 2 ans puis obtenir un brevet de technicien supérieur. Après quoi son père l’encourage à s’inscrire en relations internationales à l’Université de Pretoria pour suivre ses traces. Elle fera une année dans cette filière avant d’être perturbée par une nouvelle affectation de son père à Kinshasa, en Rdc. Elle continuera les cours par correspondance mais ne réussira pas à se concentrer et arrêtera en deuxième année. Restée 6 mois à la maison au Congo, sans activité, elle décide de quitter le cocon familiale et de se rendre à Abidjan pour poursuivre les études en restant chez son oncle. Mais au lieu de procéder comme elle a résolu en accord avec sa famille, elle cherche plutôt à trouver un emploi.  Elle y parviendra difficilement, mais finira par trouver sa voie.

Un monde professionnel qui force le destin

Marcelle Yobouet est à la recherche d’un poste de commerciale ou tout autre poste en relation avec le marketing et la communication dans une grande entreprise, mais en vain. Elle passera environ un an dans cette situation, puis fatiguée de rester à la maison à ne rien faire, elle décide de forcer les choses en acceptant de prendre tout ce qui lui tombe sous la main. Ainsi, elle se fait enrôler chez Sarafina Agence en tant qu’hôtesse. Le métier est difficile et peu rémunérateur. Elle se souvient qu’elle est restée un jour débout de 16 à 23 heures pour une cérémonie célébrant le premier ministre Banny à Yamoussoukro. Mais, elle persévérera jusqu’à ce qu’une opportunité de poste de commerciale s’ouvre pour elle toujours à Sarafina. Elle est envoyée à Daloa pendant 9 mois, en tant que promotrice de l’Adsl d’aviso chez Côte d’Ivoire télécom. Ensuite, elle quitte Sarafina et pendant 9 autres mois, elle va travailler en tant que secrétaire pour un cabinet d’avocats. Après la fermeture du cabinet, elle se retrouve au chômage, mais pas pour longtemps. Tieri, une entreprise spécialisée dans la sécurité et l’installation électrique en entreprise et usine, la vente d’onduleurs et divers autres matériels électriques va lui faire appel pour un poste de commercial. Elle y vivra, selon ses propres mots, une expérience passionnante, qui malheureusement prendra fin en 2011 avec la crise post-électorale. Pillée, l’entreprise se séparera d’une partie de son personnel. Elle en fera partie.

Avec Tieri, elle a fait un premier pas dans l’univers des sites industriels, mais avec la prochaine entreprise, elle se rapproche davantage de ce qu’elle fait aujourd’hui. Soudure industrielle et pétrolière (SIP), l’entreprise pour laquelle elle commence à travailler en tant que commercial business manager lui donne l’occasion de suivre les projets sur site industriel de bout en bout, c’est-à-dire de la conception des travaux jusqu’à leur exécution. Avec cette entreprise, elle va participer à la construction de la mine d’or de Tongon. Ce qui représente déjà beaucoup pour elle. Mais Sip rencontrera des difficultés financières, ce qui l’obligera, elle et 3 autres employés à se retirer. Ils vont s’associer et créer leur propre entreprise  dénommée Prescom, spécialisée dans les mêmes activités que SIP. Mais, Yobouet a envie d’avoir sa propre structure. Ainsi, malgré le succès de Prescom dont elle est toujours actionnaire minoritaire, elle crée Thalis en 2012 (lumière sur la terre en grecque), société unipersonnelle à l’époque.

Une société à succès

L’entreprise créée, Yobouet se lance à la recherche de son premier marché. Après une attente relativement stressante, la première opportunité viendra grâce à l’un de ses proches travaillant sur une mine au Mali. Ce dernier lui fait savoir que l’entreprise pour laquelle il travaille a besoin de « rubber liner » (spécialiste chargé du revêtement de convoyeurs dans l’industrie minière). Son rôle à elle c’est de trouver ces spécialistes. Ce sera la première difficulté car jusque-là elle a travaillé avec des soudeurs, des tuyauteurs et des mécaniciens mais jamais avec des rubber liners. Elle n’en connait pas. Son proche lui donne un coup de main en la mettant en contact avec une dame à Abidjan. Mais sa démarche auprès de cette dernière ne réussira pas, cependant elle se servira de son réseau pour trouver elle-même des rubber liners. Cela fait, il faut trouver maintenant les moyens. Novice, Yobouet investit à tout vent sans faire une simple évaluation de ce que cela devrait coûter. Très vite, elle est à sec financièrement et obligée de faire appel à des proches et amis. Sur 10 millions de fcfa de besoins, elle réussira à mobiliser 5 millions fcfa en tout. Cela fera tout de même l’affaire pour un marché estimé à 12 000 euros (7,8 millions fcfa). D’autres marchés suivront. Elle obtiendra son plus gros marché lorsque l’entreprise manifeste le besoin d’avoir au moins trois rubber liners de manière permanente sur place et propose à Thalys d’organiser des rotations d’ouvriers. Le montant du contrat sera conséquent : 80 000 euros (52,5 millions de fcfa). Thalys détient aujourd’hui un contrat annuel avec cette entreprise basée au Mali.  Une deuxième entreprise basée cette fois-ci en Mauritanie va également la solliciter. C’est avec ces deux qu’elle réussit à tourner depuis 2012 avec un chiffre d’affaires qu’elle juge elle-même satisfaisant.

Yobouet Marcelle Taylor ne compte pas s’arrêter en si bon chemin. Elle veut étendre son entreprise en diversifiant ses activités et en cherchant d’autres niches dans le milieu. Malheureusement, elle a décidé volontairement d’y aller doucement. Mariée à un ressortissant américain, absent du pays pour l’essentiel du temps et mère de trois enfants en bas âge, elle veut se consacrer pour le moment à ces derniers avant de passer au développement de Thalis à un moment plus opportun.  Thalis compte aujourd’hui 4 employés : elle-même, son assistante, un planificateur stratégique et un chauffeur coursier auquel s’ajoute un comptable travaillant pour le compte d’un cabinet et une vingtaine d’ouvriers. A la tête de cette petite équipe, Yobouet Marcelle ne s’empêche pas d’avoir de grandes ambitions, dont celle de devenir l’une des femmes les plus influentes du continent dans le domaine minier.

Marius Nouza (Article publié la première fois dans la Tribune de l’économie)

S’inspirer de sa vision et se battre pour la faire aboutir

Pour Marcelle Yobouet Taylor, réussir dans le domaine de l’entrepreneuriat, revient à avoir une vision claire et une force de caractère. Très avenante et sympathique, elle dit avoir appris à ses  dépens qu’en entrepreneuriat il faut savoir et pouvoir dire souvent non, rester sur sa position et faire seulement ce qui nous arrange car les compromis, s’ils ne sont pas bien pensés peuvent être dévastateurs pour l’entrepreneur. Dans le milieu de l’entrepreneuriat féminin, Marcelle a pour modèle la nigériane Alakija Folorunsho qu’elle considère comme une véritable battante, une femme qui a su s’imposer dans un milieu hostile. « Cette femme avait une vision claire. C’est pourquoi, de son poste de secrétaire dans une banque, elle a démissionné, est revenu à sa passion la couture, a économisé et acheté un champ qui, plus tard, s’est révélé être un champ pétrolier. Ensuite, elle s’est battue avec le gouvernement nigérian pour conserver ce champ. Aujourd’hui, elle est l’une des femmes les plus riches du continent. ». A la jeunesse ivoirienne, elle donne un conseil essentiel : Ne pas attendre d’avoir tous les moyens pour commencer à entreprendre. « Il faut se lancer, commencer quelque chose. Les moyens viendront au fur et à mesure », dit-elle.

MN

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