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Santé: Une pommade qui repousse les moustiques

En plus d’hydrater la peau en profondeur, Maïa est une pommade qui protège des moustiques pendant 5h 30min. Mise au point au Burkina Faso par le burundais Gérard Niyondiko et le français Franck Langevin, cette pommade a est faite à base de beurre de karité, d’huile de coton et de cire d’abeille.

Les deux entrepreneurs espèrent sauver au moins 100 000 vies grâce à leur produit (Photo : DR)

Contenu dans une boîte de 200 ml, le produit s’applique sur la peau la nuit avant de dormir. En le concevant, le défi pour ces deux entrepreneurs, était de créer une pommade alliant à la fois hydratation de la peau et protection contre les moustiques, vecteurs de transmission du Paludisme et/ou de la Dengue.  Pour Moussa Guelbeogo, chercheur en charge du pilotage des tests en laboratoire du produit au Centre national de recherche et de formation sur le paludisme (Cnrfp), la pommade Maïa est un complément encore plus efficace aux produits déjà existants. «  Cette pommade est un outil complémentaire. Avant le coucher, les familles, qui ne sont pas sous des moustiquaires sont très exposées. Elles utilisent peu de répulsifs – plutôt destinés aux ménages aisés – et préfèrent les spirales, moins chères, mais aussi moins efficaces », observe-t-il. Au niveau des utilisateurs, ce produit est surtout une solution en ce sens qu’elle permet aux ménages de faire des économies sur le prix d’achat des spirales et des baumes Mais avant de se lancer dans l’invention de ce produit, Gérard Niyondiko, entrepreneur burundais, s’est d’abord illustré de manière significative dans le savon.

Du savon à la pommade

A 36 ans, Gérard Niyondiko pose ses valises au Burkina Faso afin de reprendre ses études à l’Institut international de l’eau et de l’environnement (2ie) de Ouagadougou. Ayant grandi au milieu des savonneries du Burundi, cet ancien professeur de chimie décide de se lancer dans le savon. Il espère ainsi réaliser son rêve de toujours  qui est de monter sa propre usine de fabrication de savon.  Mais au lieu de se contenter de créer un savon ordinaire, il émet le souhait d’y ajouter une molécule pour lutter efficacement contre les moustiques. Un jour, se posant la question  sur les bancs de la fac, il reçoit le soutien de Moctar Dembélé un camarade de classe. Le projet Faso Soap,  premier savon anti-paludisme, est donc né ! En 2013, l’idée séduisant davantage, les deux étudiants deviennent les premiers Africains à remporter la Global social venture competition (Gsvc), un concours international organisé à Berkeley, en Californie. Très vite, des particuliers passent commande, mais le savon n’en est encore qu’au stade de prototype. D’autres tests doivent être effectués en laboratoire. Pour l’inventeur, il était plutôt question de financement à cette période. « Nous avions besoin de fonds pour continuer les recherches, mais aucun bailleur ne voulait financer le projet, il ne rentrait dans aucune case », se souvient-il avant de signifier qu’il a dû poursuivre l’aventure tout seul après l’abandon du cofondateur. En 2015, le vent tourne lorsqu’il rencontre le Français Franck Langevin, un passionné de nouvelles technologies en reconversion qui décide de s’associer au projet. Cette même année, une campagne de financement participatif leur permet de récolter 70 000 euros pour finir les tests en labo. Les tests leur ont ainsi révélé que les molécules répulsives du savon partaient avec l’eau du rinçage. C’était le retour à la case départ ! Les deux entrepreneurs ne se découragent pas pour autant. En 2017, après avoir lancé une analyse sociologique sur les habitudes d’hygiène domestique de mille femmes dans les villes et campagnes du pays, ils découvrent qu’au Burkina Faso, 80 % des enfants sont induits de pommade à base de beurre de karité après avoir été lavés ». Pour ces deux entrepreneurs, c’était le déclic ! « La solution était là, il fallait un produit déjà ancré dans le quotidien des familles pour qu’il soit facilement adopté », indique Gérard Niyondiko, installé dans son bureau de La Fabrique, l’incubateur de start-up sociales ouagalais qui l’a accompagné. Pendant près de deux ans, le chercheur burundais travaille donc avec des groupements de femmes pour mettre au point un baume à double fonction (hydratant et anti moustiques), composé à 15 % de DEET, un répulsif efficace et de produits locaux tels que le beurre de karité, l’huile de coton et  la cire d’abeille. Une fois appliquée sur le corps, la crème Maïa offre au moins cinq heures de protection aux utilisateurs.

La pommade Maïa contient une molécule qui repousse les moustiques (Photo : DR)

Un produit qui promet

En 2017, 200 millions de cas et 93 % des décès ont été recensés en Afrique par l’Organisation mondiale de la santé (Oms). Des chiffres d’autant plus alarmants que la résistance aux insecticides et aux antipaludiques y progresse de manière inquiétante. Pour l’entrepreneur burundais, les initiatives menées en vue de circonscrire le problème sont plus onéreuses qu’efficaces. « Des moustiquaires de troisième génération et de nouveaux insecticides sont en train d’être créés, mais ils seront bien plus chers que les précédents », s’alarme-t-il avant de signifier l’urgence de trouver de nouveaux outils tout en revoyant totalement l’approche dans la lutte anti vectorielle. En vendant la pommade à 1000 Fcfa l’unité (environ 1,30 euro), les deux entrepreneurs espèrent ainsi sauver 100 000 vies. En mars 2019, la pommade Maïa a fait partie des 30 innovations célébrées lors du 2e  forum de la santé organisé par l’Oms au Cap Vert. En septembre 2019, en plus de la commercialisation du produit, 250 tests anti-moustiques auraient été par ailleurs effectués au laboratoire, en collaboration avec le Centre national de recherche et de formation sur le paludisme (Cnrfp) du Burkina Faso. À ce jour, les deux entrepreneurs souhaitent aussi obtenir une reconnaissance de leur produit par l’Oms et au sein de la communauté scientifique travaillant sur la question du paludisme.

Jean-Paul DEMOUSS

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