Les pays africains affichent un taux de croissance fort enviable à travers le monde. Cependant, les populations n’en ont pas encore fini avec la pauvreté. Face à un tel paradoxe les experts économiques se penchent sur des solutions telles que l’innovation et l’entrepreneuriat inclusif. Ces deux thématiques seront au cœur de deux conférences qui se tiendront à Abidjan du 8 au 10 octobre à l’initiative de la Capec et de ses partenaires.

Heinrich-Fernandes du Business Environnent Working Group du Donor Committee for Enterprise Development (DCED), définit les entreprises inclusives comme des entreprises du secteur privé qui ont des modèles commerciaux ou des activités qui poursuivent la viabilité commerciale et qui dégagent (ou sont susceptibles de dégager) des avantages économiques et/ou sociaux importants pour les pauvres dans leurs chaînes de valeur. A titre d’illustration, on peut citer au Kenya, M-PESA qui a transformé la manière dont 15 millions de personnes transfèrent de l’argent en offrant des opportunités à tous ceux qui ont accès à un téléphone mobile. En Inde, Jain Irrigation Systems Ltd. a travaillé avec plus de 30 millions de petits exploitants agricoles pour les former à l’irrigation goutte-à-goutte afin qu’ils puissent cultiver davantage avec moins d’eau, avec des effets réels sur l’accroissement de leur productivité.
A travers ces exemples, on peut noter que l’importance de l’innovation et de l’entrepreneuriat inclusif pour le développement économique et social est avérée. Cependant, selon une note conceptuelle rédigée par la cellule d’analyse des politiques économiques (Capec), il y a très peu d’informations portant sur une évaluation de l’impact de ce nouveau modèle de business sur des variables comme la profitabilité des entreprises qui l’adoptent, l’emploi des jeunes, l’autonomisation des femmes, ou relatives aux facteurs de l’environnement et aux caractéristiques des entreprises, qui expliquent l’adoption de ce type de modèle.
Ainsi, pour favoriser l’acquisition de connaissances nouvelles sur les questions d’innovation et d’entrepreneuriat inclusif, la Capec et l’Université des Nations Unies aux Pays-Bas (UNU ‐ MERIT) organisent du 8 au 9 octobre 2019, la 11ème Conférence MEIDE sur « les preuves de la relation entre l’innovation et le développement basées sur des modèles ». Elle sera suivie le 10 octobre 2019 de la Conférence de clôture du projet intitulé « inclusion économique des jeunes et des femmes par l’entrepreneuriat inclusif : cas de la Côte d’Ivoire, du Burkina Faso et du Kenya». Cette seconde conférence est organisée en collaboration avec le Laboratoire d’Analyse Quantitative Appliquée au Développement Sahel (LAQAD-S) de l’Université de Ouaga 2 du Burkina Faso et l’Institut Kényan de Recherche et d’Analyse des Politiques Publiques (KIPPRA) et avec l’appui du Centre de Recherches pour le Développement International (CRDI).
L’objectif général des deux conférences de haut niveau est de contribuer dans un premier temps à une meilleure compréhension des facteurs explicatifs et des effets de l’innovation et dans un second temps à la maîtrise des déterminants et des effets ou impacts de l’entreprenariat inclusif. Il s’agit spécifiquement de créer une plateforme d’échanges entre les participants, particulièrement des interactions entre chercheurs et décideurs du secteur public, du secteur privé, de la société civile, des institutions internationales. Il est question également de faire connaître les résultats de différents travaux sur l’innovation, réalisés dans divers pays (Côte d’Ivoire, Brésil, Inde, Afrique du Sud, France, Pays-Bas, etc.) et aussi de faire connaître les résultats des travaux réalisés dans le cadre du projet sur l’inclusion économique des jeunes et des femmes par l’entrepreneuriat inclusif au Burkina Faso, en Côte d’Ivoire et au Kenya et enfin de favoriser les échanges sur les méthodologies, les résultats ainsi que sur les conclusions et les recommandations.
Marius Nouza