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ABOUA BOUA FABRICE, FONDATEUR ET GÉRANT DE BIOTRICOOL : Le lien entre les résidus de manioc et la médecine

Avec Biotricool, Aboua Boua Fabrice amorce une innovation majeure dans le domaine médical : fabriquer de l’éthanol avec des résidus liquides de manioc. Celui qui vient d’être déclaré super lauréat de la cinquième édition du prix Alassane Ouattara de l’entrepreneur émergent entend bien mettre sa trouvaille au service du bien-être des populations ivoiriennes et d’ailleurs. 

Né d’une mère baoulé, Boua Fabrice a remarqué très jeune que chez ses parents maternels, l’on utilisait la pâte de manioc dans les champs pour le pansement des plaies. Il a surtout constaté que le saignement s’arrêtait d’aussitôt et quelques jours après, la blessure cicatrisait. Des années plus tard, lorsqu’il s’intéresse à l’entrepreneuriat et qu’il décide d’en faire une carrière, il revient à ce constat en voulant en savoir davantage, ce qui le conduira, lui et ses associés, à la production de l’alcool médical dénommé «  BIOTRICOOL ». Ce qui lui vaut aujourd’hui d’être le super lauréat du prix Ado. Mais avant ce dénouement heureux, il lui a fallu se former et même passer par des chemins qui n’étaient pas forcément indispensables.

Une formation hétéroclite

Après le bac D obtenu en 2008, Boua Fabrice se forme en géologie, mines et pétrole au groupe Loko. Faute d’opportunités à la sortie de sa formation, il opte pour un diplôme universitaire de technologie (Dut) qu’il obtiendra en  2012 à l’Institut Supérieur de Technologie de Côte d’Ivoire (Istci) en Réseaux Informatiques et Télécommunications. Après cela, il intègre plusieurs entreprises à différents postes. Il travaillera notamment pour Cdiscount en tant que commercial web, puis en tant que technico-commercial pour l’entreprise Vision d’Aigle, technicien réseaux télécom et consultant pour Africa Network Conseils et enfin en tant que responsable technique pour Edubicle. Malheureusement, avec toutes ces riches expériences, Boua Fabrice semble ne pas avoir encore trouvé sa voie dans la vie. Ce dont il est sûr, c’est qu’en lui, brule l’idée d’entreprendre. Mais dans quel domaine ? En tout cas, pas dans les réseaux télécoms, ni dans les mines et le pétrole. Depuis tout petit, il sait qu’il est passionné d’agriculture. Il s’amusait beaucoup à créer des jardins et potagers, planter des fleurs, fruits et légumes dans la cours de la maison familiale et même dans celle du voisinage. Il est également conscient qu’il est passionné d’innovation. Alors, il décide de s’intéresser à l’innovation dans le secteur agricole, en particulier aux  chaines de valeurs des produits agricoles. Mais avant de se lancer, il veut d’abord se former. En 2017, il obtient un certificat en Entrepreneuriat de l’Institut Européen de Coopération et de Développement(Iecd) suivi de plusieurs formations en ligne (Mooc). Jusqu’aujourd’hui, il continue toujours de se former. Ce qui lui vaut d’obtenir en 2019 une certification en gestion de projet de l’UNESCO Côte d’Ivoire et un Bachelor RFQ-UK en Business Administration de l’OFQUAL (l’Office de réglementation des qualifications et des examens du Royaume-Uni).

Rien ne se perd, tout se consomme

Pour sa première expérience en tant qu’entrepreneur désormais, Boua Fabrice et son équipe s’intéresse au manioc, surtout à cause de ce qu’il sait de la pâte de manioc avec comme projet l’élaboration d’un produit médical pour la cicatrisation des plaies. En observant le travail des femmes productrices d’Attiéké, il a un pincement au cœur quant au gaspillage d’eau liquide issue de l’essorage de la pâte de manioc. Non seulement, il déplore ce gaspillage, mais il constate dans le même temps que cette eau est déversée sur les lieux de transformation, ce qui a pour inconvénients de favoriser l’insalubrité, les mauvaises odeurs, la production de méthane (gaz à effet de serre) et la dégradation de l’environnement immédiat. Dès lors, son projet aura un penchant environnemental. L’objectif est de valoriser les déchets liquides de manioc par la production d’éthanol tout en préservant l’environnement avec à la clé un impact social : assainissement de l’environnement urbain, amélioration de la santé et du cadre de vie de la population. Il veut également contribuer à la création de nombreux emplois dans la collecte et le traitement des déchets liquides de manioc et à l’amélioration de la balance commerciale de la Côte d’Ivoire dans le domaine de l’importation de l’éthanol. Avec ce projet, le slogan, c’est « rien ne se perd, tout se consomme ».

Cependant, pour arriver à ses fins, Boua Fabrice a dû surmonter une difficulté, celui de réussir à convaincre les femmes transformatrices de ne plus déverser leurs déchets liquides dans la nature, mais de les centraliser dans un récipient que son équipe passera récupérer. Avec l’aide des chefs de village, cela est devenu une réalité.

Super lauréat du prix ADO

Aujourd’hui, l’entreprise est en cours de création certes, mais Boua Fabrice et son équipe ont déjà réussi avec succès à produire les premiers échantillons de Biotricool. Après une période d’étude, l’entreprise est à la phase de démarrage pour la production artisanale quand bien même que tout cela se fait sans grand moyens. Dans un proche avenir, l’équipe espère passer à la production commerciale d’alcool médical à partir de déchets liquides de manioc. Au-delà de biotricool, Boua Fabrice prévoit également la transformation et la valorisation des déchets liquides de manioc en d’autres produits, notamment le biocarburant, le biogaz, les herbicides, etc. A long terme, il s’intéressera à d’autres maillons de la chaine de valeurs du manioc (production de farine de manioc, d’attiéké, etc.). Pour l’heure, son projet convainc les ivoiriens, ce qui lui vaut de remporter des prix.

Avec son projet, Boua Fabrice est depuis le 1er février 2019, le super lauréat de la 5ème édition du « Prix Alassane  Ouattara du jeune entrepreneur émergeant. », un prix qui a été créé par le district d’Abidjan pour encourager la création d’entreprises par les jeunes ivoiriens. Il intègrera bientôt l’incubateur du district pour parfaire son projet et mieux planifier la création de son entreprise. Auparavant, il a été lauréat de la 4ème édition du prix « concours de Meilleur Projet » de l’Organisation Internationale de la Francophonie(OIF) lors du  Forum International Jeunesse et Emplois Verts (Fijev) à Niamey. Enfin, Boua Fabrice a été également lauréat de la 3ème édition du concours « Marché Aux Projets » de LOJIQ (Les Offices Jeunesse Internationale de Québec) lors des 8ème Jeux de la Francophonie à Abidjan. Avec Biotricool, Boua Fabrice affirme s’épanouir parce qu’il fait quelque chose qui lui plait énormément. Mais, il ne veut pas se limiter à sa seule personne. Pour lui, un entrepreneur, c’est un patriote, c’est-à-dire quelqu’un qui lutte pour le positionnement économique de son pays. C’est le combat qu’il compte remporter avec Biotricool dans les prochaines années.

Marius Nouza

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